Le succès colossal d’un film a permis à Jackie Chan de s’illustrer dans un western explosif

Le western détonant porté par Jackie Chan n’aurait jamais vu le jour sans le succès éclatant d’un film devenu un pilier du box-office. Ce précédent triomphe a ouvert la voie à cette incursion singulière du comédien dans l’Ouest américain.
Tl;dr
- Jackie Chan a eu du mal à percer à Hollywood.
- « Shanghai Noon » réalisait un vieux rêve de Western.
- Le succès arriva après « Rush Hour » et ses suites.
Des débuts compliqués à Hollywood
Bien que déjà superstar à Hong Kong dans les années 1970, Jackie Chan a longtemps peiné à séduire le public nord-américain. Plusieurs tentatives orchestrées par d’importants studios américains, dont la collaboration entre Warner Bros. et Golden Harvest pour « The Big Brawl » en 1980, n’ont pas suffi à le propulser au sommet outre-Atlantique. Malgré le succès modéré de ce film – où Chan incarnait un restaurateur pris dans une guerre de gangs dans le Chicago des années 1930 – la déception prévalait chez les producteurs. Le film n’avait pas rencontré le même engouement que « Enter the Dragon », porté par l’aura de Bruce Lee.
L’incompréhension des méthodes américaines
Une barrière majeure résidait dans la façon dont les scènes d’action étaient tournées aux États-Unis. Habitué à orchestrer des combats millimétrés avec une équipe rodée et des répétitions intensives, Chan se retrouvait seul, confronté à des réalisateurs pressés de passer à la prise suivante après deux ou trois essais. Ce décalage artistique l’empêchait d’exprimer pleinement son style unique. Il faudra attendre le tournage de « Rumble in the Bronx » pour qu’il impose sa patte tout en visant spécifiquement le public américain – une stratégie qui porta enfin ses fruits.
L’explosion grâce à Rush Hour et l’accomplissement d’un rêve de Western
Le déclic se produira véritablement en 1998 avec « Rush Hour ». Porté par un duo improbable formé avec Chris Tucker, ce buddy movie engrangea plus de 244 millions de dollars, transformant Chan en star hollywoodienne bankable du jour au lendemain. Ce triomphe ouvrit la voie à de nouveaux projets ambitieux, dont un film qui lui tenait particulièrement à cœur depuis près de vingt ans : tourner un Western.
Depuis les années 1980, Chan rêvait d’une aventure façon cowboy, inspiré par son admiration pour les classiques hollywoodiens et la gestuelle burlesque d’un certain Buster Keaton. Après son expérience sur « The Big Brawl », il avait même rédigé une première version du scénario de « Shanghai Noon », mais les studios refusaient jusque-là d’investir dans un projet mené par un acteur jugé trop peu anglophone.
Shanghai Noon : aboutissement d’une idée longtemps mise de côté
Grâce au succès planétaire de « Rush Hour », Chan put enfin présenter son script à Roger Birnbaum. Désormais capable de s’exprimer en anglais devant la caméra, il décrocha le feu vert pour ce projet devenu entre-temps une comédie d’action-western scénarisée par Alfred Gough et Miles Millar. Même s’il ne figure pas officiellement parmi les scénaristes ou producteurs, Chan revendique fièrement la paternité du concept : un Chinois plongé dans l’Ouest américain du XIXe siècle. Le film récolta près de 100 millions de dollars – soit deux fois son budget – et donna naissance à une suite, « Shanghai Knights ».
C’est donc bien la ténacité et la passion du maître du kung-fu comique qui auront permis ce mariage inattendu entre humour asiatique et folklore western made in Hollywood.