Le plus grand naufrage cinématographique de Roland Emmerich n’est pas un film catastrophe

Si Roland Emmerich s’est fait connaître pour ses films catastrophes spectaculaires, le cinéaste allemand a aussi signé des œuvres moins mémorables. L’un de ses films, en particulier, s’illustre non par ses destructions, mais par son échec retentissant.
Tl;dr
- Le film « Stonewall » d’Emmerich est vivement critiqué.
- L’histoire du soulèvement a été largement édulcorée à l’écran.
- Divers films illustrent mieux l’histoire LGBTQIA+.
Une vision déformée de Stonewall par Roland Emmerich
L’œuvre de Roland Emmerich, habituellement saluée pour ses blockbusters spectaculaires comme « Independence Day » ou « 2012 », s’est trouvée au cœur d’une vive polémique avec la sortie de son film « Stonewall ». Si le réalisateur est reconnu pour transformer l’apocalypse en véritable spectacle pyrotechnique, il semble, cette fois, avoir raté sa cible. Loin des récits historiques qu’il avait effleurés dans « The Patriot » ou « Anonymous », Emmerich s’est aventuré sur le terrain sensible de la mémoire queer… pour mieux se heurter aux critiques.
Diversité occultée et controverse persistante
La version des faits proposée dans « Stonewall » a largement été décriée pour son manque de fidélité historique et sa représentation problématique des événements. Plutôt que d’illustrer la pluralité des personnes impliquées dans les émeutes de 1969, Emmerich choisit de placer un jeune homme blanc – fictif – au cœur du récit, attribuant à ce personnage l’acte fondateur du jet de brique, pourtant historiquement contesté. Un choix narratif dénoncé par des témoins comme Mark Segal, présent lors des faits, qui écrit : « ‘Stonewall’ is uninterested in any history that doesn’t revolve around its white, male, stereotypically attractive protagonist. »
En outre, le film passe sous silence nombre de figures incontournables telles que Sylvia Rivera, Stormé DeLarverie, ou encore Miss Major Griffen-Gracy. À cela s’ajoute la décision controversée d’attribuer le rôle de Marsha P. Johnson, icône transgenre, à un acteur cisgenre.
Mieux comprendre l’histoire queer au cinéma
Face à cette relecture édulcorée, les alternatives ne manquent pas pour découvrir une histoire LGBTQIA+ fidèle et riche. À titre d’exemple, plusieurs documentaires sont régulièrement cités pour leur impact et leur rigueur historique :
- « Paris is Burning », immersion dans le ballroom new-yorkais.
- « Screaming Queens », sur les émeutes du Compton Cafeteria en 1966.
- « The Death and Life of Marsha P. Johnson », portrait d’une figure clé du mouvement.
- « We Were Here », chronique bouleversante de la crise du VIH/SIDA à San Francisco.
Pour ceux préférant la fiction, le cinéma queer international propose une multitude d’œuvres marquantes – citons « Young Soul Rebels », « But I’m a Cheerleader », ou encore les univers singuliers de John Waters et Pedro Almodóvar – bien loin des stéréotypes véhiculés par certains blockbusters.
Pertinence et légitimité des récits à l’écran
Si le cinéma reste un espace fertile pour réinterroger l’histoire, il importe d’y représenter fidèlement la diversité réelle des luttes et des protagonistes. La polémique autour du film « Stonewall » rappelle avec force que la mémoire collective ne saurait se satisfaire d’une version lissée et uniformisée – surtout lorsque tant d’acteurs et actrices du combat sont toujours parmi nous.