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Le Parrain : quand Hollywood a craint Brando… puis l’a adoré

Le Parrain : quand Hollywood a craint Brando… puis l’a adoré
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Derrière la légende du Parrain, une histoire de défi et de métamorphose.

Tl;dr

  • Francis Ford Coppola s’était battu pour imposer Marlon Brando, malgré le refus initial des studios qui le considéraient comme ingérable et fini.
  • Marlon Brando, d’abord réticent, s’était métamorphosé lors d’une audition filmée, réussissant à convaincre les producteurs grâce à son interprétation saisissante.
  • Il avait ensuite livré une performance inoubliable dans Le Parrain, décrochant un Oscar qu’il avait refusé dans un geste politique retentissant.

Un pari risqué pour Coppola

Dans le tumulte du début des années 1970, Francis Ford Coppola s’engage dans une bataille presque perdue d’avance : imposer Marlon Brando dans le rôle du patriarche Corleone pour l’adaptation de Le Parrain. Les studios hollywoodiens, méfiants devant la réputation de Brando, refusent catégoriquement de lui confier ce personnage central. Jugé ingérable, instable, et pratiquement aussi fini que possible selon le producteur Robert Evans, l’acteur semblait définitivement écarté des grands projets.

Le génie imprévisible de Marlon Brando

Pourtant, c’est précisément cette réputation sulfureuse qui intrigue Mario Puzo, l’auteur du roman à succès. Convaincu que seul Marlon Brando pouvait incarner avec justesse la force tranquille et l’ironie du personnage, il lui adresse une lettre directe. D’abord réticent – « Je ne suis pas un parrain de la mafia… Je ne vais pas glorifier la mafia » –, Marlon Brando finit par céder, encouragé par sa secrétaire et rattrapé par ses soucis personnels : dettes abyssales, dépendance aux médicaments, menace sur ses droits parentaux. Peu à peu, il se laisse convaincre par le rôle jugé « délicieux ».

L’audition décisive : transformation sous nos yeux

La suite relève presque du roman. Prudent mais déterminé, Francis Ford Coppola orchestre une audition chez Marlon Brando, loin des plateaux habituels. Autour d’un verre de vin et d’un cigare, l’acteur se métamorphose soudainement : teint foncé au cirage, mâchoire avancée à coups de mouchoirs dans les joues, accent et gestuelle modifiés… La caméra capte cette magie improvisée. Cette vidéo suffit à convaincre les producteurs — malgré leurs réticences initiales.

Un tournage mémorable… et un Oscar contestataire

Au fil des semaines sur le plateau, la tension laisse place à la complicité. Marlon Brando multiplie les plaisanteries avec Robert Duvall ou James Caan, n’hésitant pas à participer à des concours loufoques pour détendre l’ambiance. Malgré ses difficultés à retenir son texte — il recourt souvent aux fiches placardées hors champ — l’acteur livre une prestation inoubliable : le Don Corleone qu’il façonne reste aujourd’hui encore un sommet du cinéma.

Les conséquences ne tardent pas : couronné par l’Oscar du meilleur acteur en 1973, Marlon Brando fait sensation en déclinant publiquement sa récompense via une allocution engagée contre la représentation des Amérindiens à Hollywood. Un geste fort qui nourrit encore un peu plus sa légende rebelle et insaisissable.

À travers ces épisodes tourmentés et parfois cocasses, c’est toute la trajectoire paradoxale d’une icône qui s’esquisse : celle d’un génie indomptable qui n’aura jamais cessé de surprendre et fasciner Hollywood.

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