James Stewart, l’acteur qui préfigurait l’Amérique de Donald Trump

Acteur immensément populaire, James Stewart (1908-1997) n’a pas toujours fait l’unanimité. Certains lui ont reproché ce qu’ils jugeaient être des rôles de défenseur un peu niais de la droiture morale (par exemple dans Mr. Smith au Sénat (Frank Capra, 1939), ou encore son conservatisme politique (ce fut toujours un Républicain convaincu, défenseur des «valeurs» américaines, soutien de Richard Nixon jusqu’au Watergate, puis de Ronald Reagan).
Dans cette liste des griefs figure aussi le culte qu’il vouait à l’armée (une tradition familiale): il finit sa carrière militaire, avec le grade de général de brigade dans l’aviation, en montant en 1966 dans un B-52 pour bombarder des camps ennemis au sud du Vietnam.
Blanc, gentil voire benêt, réac: ce tableau n’aurait rien de bien flatteur en ces temps de «wokisme» triomphant. Caricature? Détournant le titre du roman de Graham Greene, James Stewart fut bien plus qu’un «Américain bien tranquille» et le représentant d’une Amérique profonde déjà pré-trumpiste.
Il fut surtout un acteur extraordinaire, possédé par la passion de son métier. Il en avait appris toutes les facettes au cours d’une longue formation, d’abord dans la troupe théâtrale de l’université de Princeton, puis sur les planches à Broadway, enfin à Hollywood en 1935. Chanter, faire de la musique, danser, monter à cheval, patiner… Rien ne lui était étranger en marge de ce métier…