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Hellboy avec David Harbour : quand la fidélité à l’œuvre originale ne suffit pas

Hellboy avec David Harbour : quand la fidélité à l’œuvre originale ne suffit pas
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Le film de Neil Marshall échoue à relancer la saga malgré une vraie volonté de coller au Mignolaverse.

Tl;dr

  • Le reboot de Hellboy en 2019, malgré sa fidélité aux comics, a échoué commercialement et artistiquement.
  • Le film a précipité des arcs narratifs majeurs, gâché des personnages clés, et abandonné ses promesses de suites.
  • Malgré une prestation convaincante de David Harbour, le projet n’a pas su poser les bases solides d’une nouvelle saga.

Un reboot ambitieux, mais plombé dès le départ

À l’aube de 2019, Neil Marshall et David Harbour tentaient de ranimer la flamme de Hellboy. Ce nouveau départ pour le démon cornu misait sur une fidélité accrue à l’univers de Mike Mignola, tranchant avec la vision plus poétique de Guillermo del Toro. Pourtant, ce parti-pris n’a pas suffi à séduire ni critiques ni public : le film s’est effondré au box-office et auprès des fans, éclipsé par les souvenirs des opus précédents.

Mais derrière l’échec se cachait un vrai désir d’étendre le Mignolaverse sur grand écran. Le choix même du récit – adapter les mini-séries The Wild Hunt et The Storm and the Fury, qui voient Hellboy affronter la sorcière Nimue et révéler sa filiation arthurienne – aurait pu permettre d’installer une saga. Malheureusement, tout s’est déroulé trop vite : là où les comics prennent leur temps, le film enchaîne péripéties et révélations sans laisser souffler ni héros ni spectateurs.

Nouveaux visages… et fausses promesses de suites

Afin de s’affranchir des films précédents, l’équipe a mis de côté Abe Sapien et Liz Sherman pour présenter Alice Monaghan (fae irlandaise armée d’un revolver) et Ben Daimo, soldat B.P.R.D. capable de se transformer en félin. Pourtant, dans sa dernière scène avant le générique, le long-métrage promettait déjà plus : la découverte d’un « Icthyo Sapien » dans un laboratoire secret annonçait l’introduction imminente d’Abe Sapien.

Selon Joel Harlow, maquilleur sur le projet, ce nouvel Abe aurait été bien différent : « Il serait beaucoup plus massif, loin du design délicat des anciens films. On partait vraiment sur du neuf ! ». D’autres pistes restaient à explorer : la mythologie du Oannes Society ou encore la romance entre Hellboy et Alice inspirée des récits originaux.

Les fans attentifs auront également remarqué deux scènes post-génériques : d’abord une apparition fantomatique de Lobster Johnson – clin d’œil aux pulps dont Hellboy est fan –, puis une conversation énigmatique entre Baba Yaga et un certain Koshchei l’Immortel. Autant de jalons pour des suites… qui n’ont jamais vu le jour.

L’écueil narratif : précipiter l’apocalypse

La structure même du scénario interroge. Pourquoi ouvrir une nouvelle saga par ce qui aurait dû être son point culminant ? Dans les comics, Hellboy trouve la mort en triomphant de Nimue ; ici, tout est expédié en un film. L’enchaînement précipité des arcs majeurs laisse peu d’espace au développement des personnages ou à l’instauration d’une véritable tension dramatique. Un sentiment renforcé par certains choix esthétiques discutables : ainsi Gruagach perd toute ampleur tragique pour devenir un simple faire-valoir grotesque.

Pour résumer ces maladresses majeures :

  • Sauts narratifs hasardeux, sacrifiant rythme et attachement émotionnel.
  • Antagonistes mal exploités, limitant la portée épique attendue.
  • Pistes prometteuses abandonnées, faute d’un accueil suffisant.

Bilan mitigé pour David Harbour… mais une page déjà tournée ?

Si la prestation musclée de David Harbour (que l’on retrouvera ensuite chez Marvel Studios) avait su convaincre quelques fidèles, beaucoup regrettent aujourd’hui que cet acteur parfait pour Hellboy ait été privé d’une franchise mieux structurée. À vouloir rattraper trop vite les ambitions narratives du matériau original, ce reboot aura finalement fait naufrage là où il voulait briller : installer durablement Hellboy comme héros incontournable du cinéma fantastique contemporain. Qui sait si le prochain retour sur nos écrans tirera enfin les bonnes leçons ?

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