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« Conclave » : le film s’inspire-t-il de faits réels sur l’élection du pape, et que reflète-t-il fidèlement ?

« Conclave » : le film s’inspire-t-il de faits réels sur l’élection du pape, et que reflète-t-il fidèlement ?
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Le film « Conclave » explore les coulisses du processus électoral chargé de mystère qui entoure la nomination d’un nouveau pape. Il s’inspire des traditions et des rituels authentiques du Vatican lors de cet événement historique rare.

Tl;dr

  • « Conclave » recrée fidèlement le rituel du Vatican.
  • Quelques libertés scénaristiques, surtout autour d’un cardinal fictif.
  • L’intrigue résonne avec les tensions actuelles de l’Église.

Un film entre fiction et réalité vaticane

La sortie du film Conclave, réalisé par Edward Berger, a trouvé une résonance particulière après la disparition du pape François à l’âge de 88 ans lors du lundi de Pâques. Porté par une distribution exceptionnelle – Ralph Fiennes, Isabella Rossellini, Stanley Tucci, ou encore John Lithgow –, le long-métrage fascine d’autant plus que l’actualité pousse le Vatican vers un nouveau véritable conclave.

Si le public s’interroge sur la véracité de cette adaptation cinématographique, force est de constater que l’œuvre entretient un rapport nuancé avec la réalité.

L’ombre du roman, la lumière des détails authentiques

Adapté du best-seller de Robert Harris, « Conclave » doit sa structure à la collaboration directe de l’auteur avec feu le cardinal anglais Cormac Murphy O’Connor, témoin privilégié des scrutins ayant conduit aux élections des papes Benoît XVI puis François. L’équipe du film a pu explorer la Chapelle Sixtine pour reproduire au plus près ce décor sacré et mystérieux. Résultat : des rituels minutieusement restitués – serment en latin, isolement strict, vote secret avec ballotins brûlés pour produire les fameuses fumées noire ou blanche –, jusqu’à certains gestes anodins comme une pause cigarette avant d’entrer en conclave.

Plusieurs éléments expliquent cette fidélité remarquable :

  • Soin apporté aux décors et costumes inspirés directement du Vatican.
  • Consultations auprès d’experts religieux et immersion dans les lieux-clés.
  • Détails précis sur la logistique et la symbolique entourant le scrutin papal.

Lignes rouges scénaristiques et tensions contemporaines

Cependant, « Conclave » ne se prive pas de quelques entorses à la tradition. Ainsi, l’introduction d’un « cardinal in pectore » fictif – Benitez – admis au conclave contre toute règle canonique fait grincer des dents. Selon le père Thomas Reese, expert reconnu, une telle admission serait impossible : sans annonce publique par le pape devant les cardinaux, aucun droit d’entrée n’est accordé. D’autres simplifications – vote unique par jour au lieu de deux, destruction privée de l’anneau papal au mépris de la cérémonie officielle – relèvent davantage d’une volonté narrative que d’une méconnaissance.

Enfin, ce qui frappe peut-être davantage encore réside dans l’écho entre la fiction et les clivages réels qui traversent l’Église. Les débats internes sur l’identité même du prochain souverain pontife sont portés à l’écran via des cardinaux tiraillés entre conservatisme affirmé et désir d’ouverture. La controverse qu’a suscité le film auprès de différentes figures catholiques souligne combien « Conclave », sous ses atours romancés, met en lumière les tensions bien palpables du monde ecclésiastique contemporain.

Bilan : entre miroir déformant et prouesse immersive

En définitive, « Conclave » s’impose comme une plongée spectaculaire mais jamais totalement neutre dans les arcanes du Vatican. Si certaines libertés scénaristiques sont indéniables, elles n’occultent pas la richesse documentaire ni la capacité du film à faire écho aux interrogations actuelles sur le futur de l’Église catholique.

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