L’actrice et réalisatrice Isild Le Besco raconte son enfance, son adolescence, et son histoire d’emprise avec le metteur en scène Benoît Jacquot. On a lu son récit autobiographique « Dire vrai » (Denoël) et ce qu’on découvre est aussi déchirant que nuancé.
« Dire que Benoît m’a violée, c’est évident. Mais le mot « viol » est réducteur. On imagine un acte physique, une fille qui se fait prendre de force alors qu’elle ne veut pas. Avant de me violer physiquement, Benoît a violé mon esprit. Il y est entré dès le début du tournage de « Sade », puis un peu plus, jour après jour, jusqu’à me gagner complètement. J’étais une adolescente et je lui ai donné mon entière confiance. Il s’est substitué à mon père, à ma mère, à toute figure d’autorité. En cela son viol est aussi incestueux. »
Ces mots figurent page 151 du récit d’Isild Le Besco, après des pages de questionnements et de souvenirs, de douleurs et de doutes, d’années aveuglées pour se protéger, à se répéter qu’elle n’était pas une victime. On pense à ces mots d’Annie Ernaux dans son journal : J’ai eu si peu l’impression de vivre ce que je vis quand je le vis ». Et on pense encore à ce l’autrice de « L’événement » recherche dans l’écriture : « par le sentiment d’une forme d’inconsistance du réel, je vais chercher le réel dans l’écriture ».On verra toujours les visages, on verra longtemps les visages de ce réel advenu par...