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La CIJ ordonne à Israël d'assurer une aide humanitaire "de toute urgence" pour Gaza

La CIJ ordonne à Israël d'assurer une aide humanitaire "de toute urgence" pour Gaza
Publié le 28 mars 2024 à 19:12, mis à jour le 28 mars 2024 à 19:13

Bande de Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné jeudi à Israël d'assurer "une aide humanitaire de toute urgence" à la bande de Gaza assiégée, où des combats opposent l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans le secteur de plusieurs hôpitaux.

Outre le très lourd bilan humain et les énormes destructions, la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où la majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU.

Israël doit "veiller sans délai" à ce que soit assurée "sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l'aide humanitaire requis de toute urgence" à Gaza, a déclaré la CIJ basée à La Haye.

Saisie par l'Afrique du Sud, la CIJ avait appelé en janvier Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" dans le territoire palestinien, Israël jugeant "scandaleuses" de telles accusations.

Tôt jeudi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d'au moins 66 morts dans la bande de Gaza au cours de la nuit, notamment dans des frappes aériennes israéliennes. 

Ce bilan porte à 32.552 le nombre de personnes tuées dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes et des enfants, depuis le début des représailles israéliennes contre le Hamas, selon le ministère.  

L'armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, poursuit ses opérations dans le complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza (nord), disant avoir "éliminé environ 200 terroristes" dans le secteur depuis le 18 mars.

Les troupes israéliennes "ont évacué les civils, les patients et les équipes médicales vers des installations médicales alternatives", assure l'armée.

- "Yeux bandés" -

"Les forces israéliennes ont obligé des hommes à se déshabiller et ne garder que leurs sous-vêtements (...) J'en ai vu d'autres les yeux bandés qui devaient suivre un char au milieu d'explosions", a indiqué à l'AFP Karam Ayman Hathat, un Palestinien de 57 ans qui habite dans un immeuble à une centaine de mètres de l'hôpital. 

A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, les soldats mènent des opérations dans le secteur des hôpitaux Nasser et al-Amal, distants d'environ un kilomètre.

L'armée israélienne a indiqué jeudi avoir "éliminé des dizaines de terroristes dans le secteur d'al-Amal", ajoutant que ses troupes ont "trouvé des engins explosifs et des obus de mortier".

Ghazi Agha,  60 ans, se trouvait dans une tente dans le complexe hospitalier Nasser quand l'armée a demandé aux personnes qui s'y trouvaient de l'évacuer.

"Ils nous ont appelés avec un haut-parleur: +sortez ou on bombarde les bâtiments+.Je suis sorti avec des dizaines de personnes (...) Nous avons entendu des explosions et des échanges de tirs tout le temps", dit-il.

L'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas -- qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne -- et lancé une offensive dans la bande de Gaza où le mouvement palestinien a pris le pouvoir en 2007. 

Après les villes de Gaza et Khan Younès, Israël veut lancer une offensive terrestre à Rafah, à la pointe sud du territoire palestinien, qu'il considère comme le dernier grand bastion du Hamas et où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les hostilités.

- Prochaine réunion sur Rafah?-

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, redoutent le bilan humain d'une telle opération et préfèrent d'autres options.

Ils avaient demandé l'envoi d'une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce projet, mais Israël a annulé la visite après l'abstention des Etats-Unis, qui a permis l'adoption récente d'une résolution à l'ONU réclamant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza. 

Mercredi cependant, un haut responsable américain a déclaré qu'Israël avait fait savoir qu'il aimerait trouver "une nouvelle date pour organiser la réunion" sur Rafah.

Parallèlement, le Qatar - qui joue le rôle de médiateur avec l'Egypte et les Etats-Unis - a assuré cette semaine la poursuite des négociations indirectes entre Israël et le Hamas visant à arracher une trêve de plusieurs semaines dans les combats doublée d'un échange d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

- Manque d'eau -

Alors que l'aide humanitaire par voie terrestre contrôlée strictement par Israël y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays parachutent quotidiennement des vivres, surtout dans le nord de la bande de Gaza où la situation est particulièrement désespérée.

"Une aide alimentaire est habituellement parachutée quand les personnes sont isolées (...) Ici, l'aide dont on a besoin est à peine à quelques kilomètres: il faut utiliser les routes!", a déclaré James Elder, porte-parole de l'Unicef, depuis Rafah.

Jeudi, dans une rue de cette ville, des Palestiniens, dont de nombreux enfants, faisaient la queue pour remplir leurs bidons d'eau potable.

"Il n'y a pas d'eau (douce) dans l'école", transformée en abri, "c'est pourquoi nous venons ici pour faire le plein d'eau", explique Ali al-Samouni, un déplacé d'une cinquantaine d'années.

"Nous marchons pendant une heure (pour aller chercher de l'eau).Parfois, nous revenons les mains vides", se lamente quant à elle Maram Abou Amra, une déplacée de Khan Younès.

La guerre à Gaza a des répercussions à la frontière israélo-libanaise où des échanges de tirs meurtriers opposent depuis le 8 octobre Israël au Hezbollah libanais, allié du Hamas.

Un retour au calme doit être "la plus haute priorité" à la fois pour Israël et le Liban, a dit jeudi un porte-parole de la Maison Blanche, au lendemain de la mort d'une dizaine de civils dans des échanges de tirs.

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a appelé également jeudi à une désescalade "immédiate" à la frontière.

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