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En Ecosse, les indépendantistes à la recherche d'un second souffle

En Ecosse, les indépendantistes à la recherche d'un second souffle
Publié le 20 avr. 2024 à 13:13, mis à jour le 20 avr. 2024 à 13:22

Londres (AFP) - Les partisans de l'indépendance de l'Ecosse comptent défiler samedi à Glasgow pour tenter de redonner un souffle à leur mouvement, considérablement affaibli à quelques mois des élections législatives britanniques.

L'objectif d'autodétermination a du plomb dans l'aile depuis la démission surprise l'an dernier de la charismatique Nicola Sturgeon, qui était à la tête du gouvernement local depuis neuf ans.Depuis, son mouvement, le Parti national écossais (SNP), au pouvoir dans le territoire, a enchaîné les déboires.

Dernier revers en date, le mari de Nicola Sturgeon et ancien directeur général du SNP, Peter Murrell, a été inculpé jeudi pour détournements de fonds dans l'enquête sur les finances du parti.

Cette enquête vise l'utilisation de dons de 600.000 livres (683.000 euros) collectés ces dernières années en vue d'organiser un nouveau référendum d'indépendance.

Nicola Sturgeon elle-même avait été entendue en garde à vue en juin dernier puis relâchée sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle. 

L'ancienne dirigeante de 53 ans a qualifié vendredi la situation d'"incroyablement difficile", quand l'actuel Premier ministre Humza Yousaf a reconnu qu'il s'agissait d'un "sérieux problème".

Au moment du référendum sur l'indépendance de 2014, Nicola Sturgeon s'était imposée comme l'une des figures de proue du mouvement avec le Premier ministre écossais de l'époque, Alex Salmond.

L'Ecosse avait alors voté à 55% contre l'indépendance.Mais la dirigeante a remis la question sur la table en 2016 après le Brexit, défendant le fait que l'Ecosse devait quitter le Royaume-Uni car ses habitants avaient massivement voté pour rester dans l'Union européenne. 

Son influence et ses capacités de communication pendant la pandémie de Covid-19, tranchant avec le chaos à Londres sous la houlette de Boris Johnson, ont fait grimper le soutien à l'indépendance au dessus des 50% en 2021.

- "Bourbier électoral" -

Après plusieurs refus de Londres d'organiser un autre référendum, Nicola Sturgeon a porté l'affaire devant la plus haute juridiction du Royaume-Uni.Mais en novembre 2022, les juges ont estimé que seul le gouvernement britannique pouvait autoriser la tenue d'un tel scrutin. 

La dirigeante écossaise a présenté sa démission peu après, et le soutien à l'indépendance est tombé entre 41% et 43%, selon trois sondages d'opinion réalisés en avril.

L'actuel chef de file du SNP et Premier ministre Humza Yousaf s'est engagé à poursuivre la campagne en faveur de l'indépendance lors des élections législatives britanniques, qui doivent avoir lieu à l'automne.

Il a promis que le SNP demanderait "un mandat pour des négociations sur l'indépendance" avec le gouvernement britannique s'il remporte au moins 29 des 57 sièges de députés en Ecosse.

Le parti compte actuellement 43 députés en Ecosse, mais il risque fort de perdre plusieurs sièges face à un parti travailliste en pleine ascension et qui semble en position de force pour entrer à Downing Street.

Le SNP conserve encore sept points d'avance sur le Labour dans les intentions de vote, selon l'institut Ipsos, mais ce chiffre a diminué de cinq points comparé à il y a un an. 

Selon M. Yousaf, le mantra des prochaines élections sera: "Votez SNP pour que l'Ecosse devienne un pays indépendant".Le cas échéant, le Premier ministre s'est engagé à ce que l'Ecosse réintègre l'Union européenne le plus rapidement possible.

Mais certains jugent que le SNP, positionné à gauche, se focalise trop sur l'indépendance, et pas suffisamment sur la crise du pouvoir d'achat qui frappe l'Ecosse et inquiète profondément les électeurs.

Le journal The Herald a estimé dans un éditorial qu'il s'agissait d'un désengagement "dangereux", et que "c'est la raison pour laquelle le SNP glisse vers la défaite aux élections législatives". 

"Le parti s'enfonce peu à peu dans un bourbier électoral dont il peine à sortir", a également jugé John Curtice, influent professeur de sciences politiques à l'université de Strathclyde, dans le journal The Times.

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