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Voile à l'école: vague d'indignation après le départ d'un proviseur menacé de mort

Voile à l'école: vague d'indignation après le départ d'un proviseur menacé de mort
Publié le 27 mars 2024 à 14:56, mis à jour le 27 mars 2024 à 14:57

Paris (AFP) - "Echec collectif", "défaite de l'Etat": l'annonce du départ du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort après une altercation avec une élève pour qu'elle enlève son voile, suscite une vague d'indignation.Le chef d'établissement doit être reçu mercredi à Matignon. 

L'ex-proviseur est attendu à 16H30 par le Premier ministre, Gabriel Attal, et sa ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet. 

Cette dernière s'était rendue dans le lycée du XXe arrondissement début mars pour apporter son "soutien" au chef d'établissement, en déplorant les "attaques inacceptables" dont il était la cible sur les réseaux depuis l'altercation le 28 février avec une élève, scolarisée en BTS, à qui il avait demandé de retirer son voile.

Des menaces de mort à l'encontre du proviseur avaient ensuite été proférées sur internet.Une enquête avait été ouverte à Paris pour cyberharcèlement.

Deux plaintes avaient, par ailleurs, été déposées: une par l'élève "pour violences n'ayant pas entraîné d'incapacité de travail", et une par le proviseur "pour acte d'intimidation envers une personne participant à l'exécution d'une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service".

La plainte de l'élève a été classée sans suite pour "infraction insuffisamment caractérisée", a indiqué mercredi le parquet de Paris.

Un jeune homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine, a été arrêté et doit être jugé le 23 avril à Paris pour avoir menacé de mort le proviseur sur Internet.

- "pas de vagues" -

Un mois après les faits, le proviseur a quitté ses fonctions "pour des raisons de sécurité", selon un message envoyé mardi aux enseignants, élèves et parents par le nouveau chef d'établissement. 

Le rectorat a, lui, évoqué "des convenances personnelles" et un "départ anticipé" à la retraite, à "quelques mois" de celle-ci, "au vu des événements qui ont marqué ces dernières semaines, de leur médiatisation et de l'impact qu'ils ont pu avoir sur lui".

Ce départ anticipé face aux menaces a suscité une vague d'indignation dans la classe politique.De la gauche à l'extrême droite, des responsables ont déploré un "échec" face à la "mouvance islamiste", après le départ du proviseur.

"Voilà à quoi aboutit le +pas de vagues+, voilà où nous mènent les petites lâchetés et les grands renoncements", a réagi le président des sénateurs LR Bruno Retailleau.

"On ne peut pas l'accepter", a déclaré le chef des députés socialistes Boris Vallaud, y voyant "un échec collectif".

"C'est surtout une défaite de l'Etat" face à "la gangrène islamiste qui prospère", a estimé sur Sud Radio la tête de liste Reconquête!aux élections européennes, Marion Maréchal.

La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, qui a eu le proviseur au téléphone pour "l’assurer de son soutien total et de sa solidarité", est "atterrée et consternée" "mais comprend sa décision de se protéger", selon son cabinet.

Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France, a aussi apporté son "soutien" au proviseur."Ses agresseurs doivent être mis hors d’état de nuire", a-t-elle écrit sur le réseau social X. 

- "équipes mobilisées" -

Le nouveau proviseur de la cité scolaire, qui a pris ses fonctions lundi, a expliqué avoir été "missionné par la direction académique" pour assurer l'"intérim jusqu'au mois de juillet prochain", dans son message adressé à la communauté éducative.

Il y ajoute qu'il sera "aidé (...) par l'équipe de direction et l'ensemble de la communauté scolaire du lycée", "soudés pour faire face à cette situation exceptionnelle".

Lors de sa visite début mars dans l'établissement, Mme Belloubet avait souligné qu'une "série de mesures" avait été prise pour protéger le proviseur, "de la protection fonctionnelle à un travail sur les réseaux sociaux, en lien avec la plateforme Pharos" de signalement des contenus illicites en ligne, en passant par "la sécurisation de l'établissement".

Le ministère de l'Education nationale a assuré mercredi qu'il "n'abandonn(ait) jamais ses agents" face aux menaces.

"Après la décision du proviseur, compréhensible au regard de la gravité des attaques dont il a fait l'objet, toutes les équipes de l'Education nationale demeurent mobilisées", a-t-il ajouté dans un communiqué."Les services de l'académie de Paris continueront à l'accompagner dans l'ensemble de ses démarches".

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