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Le procès fleuve de la vendetta entre héritiers du gang corse de la "Brise de mer" a débuté

Le procès fleuve de la vendetta entre héritiers du gang corse de la "Brise de mer" a débuté
Publié le 06 mai 2024 à 17:48, mis à jour le 06 mai 2024 à 17:49

Aix-en-Provence (AFP) - Le procès de l'assassinat de deux membres du grand banditisme corse, en 2017 à l'aéroport de Bastia-Poretta, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), avec en toile de fond la vendetta entre héritiers du gang de la "Brise de Mer".

Le 5 décembre 2017, vers 11h20, Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini étaient les cibles de tirs sur le parking de l'aéroport de Bastia.Sorti de prison 15 jours plus tôt, Antoine Quilichini était tué sur le coup.Jean-Luc Codaccioni, détenu de la prison de Borgo (Haute-Corse), de retour d'une permission à Paris, décédait sept jours plus tard. 

Une minute avant les tirs, Cathy Châtelain divorcée Sénéchal, gardienne de prison de Borgo, était vue sur les caméras de surveillance "arriver en courant" pour embrasser Codaccioni. 

Dans un palais de justice sous bonne garde, 14 accusés dont neuf détenus étaient présents à l'ouverture des débats lundi après-midi, dont cette quadragénaire qui a notamment reconnu avoir renseigné les assassins sur les dates de sortie des victimes.

L'histoire de cette gardienne de prison a inspiré un film de Stéphane Demoustier, "Borgo", sorti au cinéma le 11 avril, au grand dam des avocats.

Riad Belgacem, un autre accusé soupçonné d’être l'administrateur du réseau de téléphonie cryptée de l'équipe criminelle, pourrait lui être jugé par défaut.Il est en fuite depuis le début de l’enquête.

Les enquêteurs sont parvenus dans ce dossier à "décrypter pour la première fois des téléphones réputés inviolables" et les messages "cruciaux" qu'ils contenaient. 

La cour a ordonné une disjonction concernant Marine Andreani.Accusée de participation à une association de malfaiteurs, notamment en vue d'autres projets criminels, elle vit actuellement une grossesse difficile.

Le banc des parties civiles est occupé uniquement par Me Valérie Vincenti, qui défend un passant touché à la fesse par une balle perdue lors de la fusillade.Aucun des proches des deux personnes assassinées n'est représenté aux débats.

- "Venger nos pères" -

Selon l'accusation, l'objectif des principaux accusés était de "venger les morts" de leurs pères, fondateurs de la "Brise de Mer", et de "faire renaître" cette bande criminelle historique.

Ce gang corse, du nom d'un café du Vieux-Port de Bastia où ses membres se retrouvaient depuis la fin des années 1970, a dominé pendant 25 ans le crime français, avec plusieurs dizaines d'attaques à main armée de banques ou de fourgons blindés, en France et en Suisse.La bande contrôlait également des établissements de nuit et de jeux clandestins.

A la fin des années 2000, deux membres fondateurs du groupe se sont affrontés, Richard Casanova et Francis Mariani.Cette lutte fratricide s'est traduite par les assassinats de Richard Casanova en avril 2008, de Francis Guazzelli - un autre membre fondateur - en novembre 2009 et la disparition dans l'explosion d'un hangar de Francis Mariani en janvier 2009.S'ajoute à cela, en juillet 2008, l'assassinat d'Ange-Marie Michelosi, membre du banditisme de Corse-du-Sud.

Et cette guerre se poursuivra via les héritiers de ces parrains. 

Les deux victimes du double meurtre de Bastia-Poretta sont ainsi rattachées par l'accusation au "clan Germani", autour de Jean-Luc Germani, beau-frère et ami de Richard Casanova.

Dans le box des accusés, se trouvent Christophe et Richard Guazzelli, fils de Francis Guazzelli, Ange-Marie Michelosi, fils de Ange-Marie père, et Jacques Mariani, fils de Francis, qui tiennent le "clan Germani" pour responsable de la mort de leurs pères.

"On a vengé nos pères", écrit ainsi Christophe Guazzelli, considéré comme le chef de cette équipe criminelle, à Ange-Marie Michelosi, dans un message décrypté par les enquêteurs.Dans un autre échange crypté avec Jacques Mariani, le même accusé explique avoir tiré "dans la tête" d'une de ses cibles, avant d'affirmer: "J'ai rendu tt sa puissance à la brise...", "prend les chose en main, je t rendu la force".

"Tu es mon idole", "ta venger tt le monde d'un coup", répond Jacques Mariani.

Le procès doit durer deux mois.

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