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En congrès à Dunkerque, la FNSEA estime avoir "remis les pendules à l'heure"

En congrès à Dunkerque, la FNSEA estime avoir "remis les pendules à l'heure"
Publié le 27 mars 2024 à 20:19, mis à jour le 27 mars 2024 à 20:20

Dunkerque (AFP) - "Les lignes ont bougé" en France et en Europe après l'intense mobilisation des agriculteurs, s'est réjoui mercredi le patron du puissant syndicat agricole FNSEA à l'ouverture de la séquence publique de son 78e congrès à Dunkerque (Nord) tout en prévenant que le travail n'était pas terminé.

La crise qui a secoué la profession cet hiver n'est pas de celle "qu'on résout avec une ou deux annonces", a-t-il déclaré en début de soirée. 

Mais "jamais les Français n'avaient montré autant de soutien au monde agricole", a-t-il souligné.Et dans la foulée, "les lignes ont bougé, notamment en Europe." 

Cela dit, "nous ne sommes pas dupes à la veille des élections et des échéances électorales", a-t-il ajouté."Mais qu'importe, nous avons remis les pendules à l'heure."

Il s'exprimait devant un parterre de responsables locaux, d'eurodéputés et d'adhérents du syndicat majoritaire qui avaient pour l'occasion revêtu des tee-shirts floqués des logos FNSEA et du syndicat allié Jeunes Agriculteurs. 

Y figurent aussi les message "Fiers de vous nourrir" et "On marche sur la tête" sous la forme d'un panneau d'entrée de ville retourné, devenu le symbole du mouvement parti à l'automne du sud-ouest de la France.

Dans un discours offensif, ponctué d'applaudissements réguliers, le président LR de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a qualifié les agriculteurs d'"écologistes de bon sens" et affiché sa proximité avec les combats de la FNSEA.

"Il vaut mieux avoir des interlocuteurs solides" plutôt que d'"avoir à discuter avec des coordinations qui n'en sont pas et à discuter avec les plus contestataires et les plus radicaux", a-t-il déclaré, semblant ainsi viser la Coordination rurale, deuxième syndicat représentatif, qui ne cesse de dénoncer la "cogestion" de la politique agricole entre la FNSEA et l'exécutif.

- Accueil "tonique" -

L'exécutif a déjà fait beaucoup de concessions après les actions virulentes menées par des agriculteurs à partir de mi-janvier, depuis la suspension du plan visant à réduire les pesticides à des aides d'urgence à l'élevage et à l'agriculture bio en passant par la limitation des recours contre les réserves d'eau géantes pour l'irrigation surnommées "mégabassines" par leurs détracteurs.

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, qui doit s'exprimer jeudi au congrès, s'attend à un accueil "tonique" mais espère pouvoir "répondre à la crise et à la colère" exprimée par la profession depuis plusieurs mois en détaillant un calendrier du gouvernement sur les mesures promises.

- "on ne désarme pas" -

Le 19 mars, Arnaud Rousseau avait présenté au Premier ministre Gabriel Attal "cinq blocs" sur lesquels le gouvernement n'était pas, selon lui, "au bon rythme": le plan de soutien à l'élevage, la question de l'eau et des pesticides, la compétitivité via des mesures fiscales notamment, la trésorerie et les retraites.

"On ne désarme pas tant qu'on ne constate pas concrètement que les choses se mettent en place dans les exploitations", avait-il affirmé dans un entretien à La Voix du Nord publié mardi. 

Les agriculteurs se plaignent souvent de ne pas encore constater la traduction des annonces dans leur vie quotidienne et ont des doléances insatisfaites.

Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA du Pas-de-Calais, a ainsi profité de son passage à la tribune pour demander au gouvernement des dérogations sur certains pesticides afin de protéger endives, chicorée et plants de pomme de terre. 

Elle a aussi plaidé pour "un fonctionnement plus simple" des institutions afin d'éviter un millefeuille administratif pour les agriculteurs et demandé à pouvoir stocker plus facilement l'eau tombé "en excès" dans la région cet hiver, en prévision des sécheresses.

- "Paix agricole" -

Les nombreuses concessions accordées par le gouvernement français, mais aussi par l'Union européenne consternent les associations de protection de la nature. 

"La France achète sa paix agricole en sacrifiant l'environnement", a ainsi estimé Agir pour l'environnement mardi après l'approbation par les États membres d'une révision de la Politique agricole commune détricotant les règles environnementales sur les jachères obligatoires, les haies ou les contrôles sur les exploitations. 

Le "téléscopage" de cette décision et du congrès de la FNSEA est "un aveu de complaisance envers l'aile la plus cynique et affairiste de la profession agricole", a-t-elle affirmé dans un communiqué mardi.

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