Des sons inaudibles ouvrent de nouvelles pistes pour soigner Alzheimer et le cancer

De nouvelles recherches suggèrent que des fréquences sonores inaudibles pourraient offrir des pistes innovantes pour le traitement de maladies majeures comme Alzheimer et le cancer, ouvrant la voie à des thérapies non invasives prometteuses dans un avenir proche.
Tl;dr
- Ultrasons focalisés ouvrent de nouvelles pistes thérapeutiques.
- Applications prometteuses contre cancers et maladies neurologiques.
- Essais cliniques en cours pour franchir la barrière hémato-encéphalique.
Une technologie ancienne, des espoirs nouveaux
Il y a plus de 80 ans, des chercheurs découvraient qu’en concentrant les ultrasons sur une zone précise — à peine la taille d’un grain de riz — il était possible de chauffer et de détruire des tissus cérébraux. Cette prouesse, comparable à l’effet d’une loupe focalisant la lumière du soleil, ouvrait déjà la voie à de multiples applications médicales. Pourtant, malgré les premiers succès sur certaines pathologies neurologiques ou cancéreuses, les obstacles techniques limitaient alors leur usage clinique. L’absorption des ondes par le crâne, notamment, freinait leur efficacité.
Des progrès techniques majeurs
Grâce à l’intégration d’ensembles complexes de transducteurs ultrasonores et aux avancées en imagerie médicale, ces défis ont peu à peu été relevés. Les scientifiques ont désormais la possibilité de cibler très précisément les faisceaux d’ondes, autorisant ainsi l’utilisation clinique du focalisation ultrasonore. Résultat : plusieurs centaines d’essais cliniques sont en cours dans le monde pour traiter des pathologies aussi variées que les tremblements essentiels — où la méthode est déjà bien implantée — ou certains cancers.
Au cœur des innovations : franchir la barrière hémato-encéphalique
Un des verrous majeurs dans le traitement du cerveau restait jusqu’ici la fameuse barrière hémato-encéphalique. Cette structure protège le cerveau mais empêche également l’accès à de nombreux médicaments. Or, il s’avère que des impulsions ultrasonores judicieusement appliquées créent temporairement de minuscules pores dans cette barrière grâce à l’oscillation de microbulles présentes dans les vaisseaux sanguins. Ce phénomène permet aux traitements — voire aux thérapies géniques — d’atteindre leur cible cérébrale.
Les dernières années ont vu se multiplier les dispositifs exploitant cette propriété, certains étant déjà testés pour soigner des affections telles que le glioblastome ou la maladie d’Alzheimer. Fait notable : les essais sur l’animal ont montré que cette technique facilitait aussi la délivrance ciblée de thérapies géniques.
Stimuler l’immunité et soigner les maladies rares
Mais ce n’est pas tout : en oncologie, il apparaît que la destruction localisée de tumeurs par ultrasons « froids » (immunologiquement froids) peut transformer ces masses en débris reconnus par le système immunitaire. Des centres spécialisés comme celui de l’Université de Virginie testent actuellement cette synergie entre ultrasons et immunothérapie pour traiter des cancers avancés comme le mélanome.
Parmi les autres avancées citées par Richard J. Price, professeur en ingénierie biomédicale à l’Université de Virginie, on trouve enfin une piste prometteuse pour certaines maladies rares comme la malformation caverneuse cérébrale (CCM), jusque-là difficilement accessible par chirurgie ou radiothérapie. Selon lui, « L’avenir du traitement par ultrasons focalisés pourrait bien s’étendre à nombre d’autres maladies dévastatrices »».
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